Les algues vertes à Paris plage
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C'est vraiment plus possible d'aller sur nos plages polluées par les algues vertes ! Et si nous allions à la plage... à Paris ?
C'est qu'en plus à Paris, ils sont en train de faire n'importe quoi ! Ils ont complètement baissé leur pantalon devant la pression des gros bonnets de l'industrie agro alimentaire et ils abandonnent le projet de taxer les nitrates, comme ça on continuera à être les pollués et les seuls payeurs !
Sauvegarde du Trégor (baie de Lannion) et Halte aux Marées Vertes (baie de Saint-Brieuc) sont donc montés à la capitale avec la Fapen (fédération des associations de protection de l'environnement et de la nature) et des représentants d'autres associations ( Avec, Terre et Mer,...). France Nature Environnement et nos amis de l'association Goutte à goutte (un grand merci !) sont venus se joindre à nous.
Nous avons été accueillis place du Châtelet par une horde de journalistes (on avait tout fait pour) et par une très impressionnante mobilisation des forces de police (moins voulu).
Après la conférence de presse, place du Châtelet, nous avons tenté une percée vers le sable de Paris plage, étroitement encadrés par nos amis des renseignements généraux.
Mais ce sable là nous a été également interdit ! Pensez donc si nous avions déversé quelques pincées d'algues vertes sur le sable parisien, et si elles y avaient pris racine ! ... On avait pourtant pris la précaution, suite à la demande d'une élue verte parisienne, de laisser les algues dans notre camionnette avant de descendre sur Paris plage, mais c'est qu'on terrorise à Paris avec ces encombrants végétaux.
Quelques courses-poursuites plus tard nous voici devant la rue de Varenne. Nouveau comité d'accueil, plus présent.
Une bonne heure de pourparlers pour être reçu par un sous-directeur du ministère de l'agriculture, M. Bovin (si !) qui nous dira être à l'écoute... Elle est dure la vie de militant par les temps qui courrent !
Fidèle à nos habitudes, et contrairement à ce qu'on a pu lire ici et là dans la presse, nous avons laissé la place nette. Les algues vertes sont bien sagement rentrées en Bretagne sur leurs lieux habituels de fréquentation, d'ailleurs elles n'auraient pas plus que nous supporté l'air de Paris !
Le communiqué de presse :
Rendons à la Bretagne ses couleurs :
Le vert des prairies, le blanc du sable, et le bleu de la mer
Des marées vertes en Bretagne pourquoi ?
Les excédents dengrais minéraux et animaux (déjections) versés sur les terres agricoles ruissellent jusquà la mer en passant par les rivières. Larasement des talus et le drainage des terres accélèrent le ruissellement. Grâce à lamélioration du réseau de tout à légout, les eaux domestiques et industrielles interviennent peu dans cette pollution.
A cause dune configuration naturelle favorable et dans de bonnes conditions de température et densoleillement les algues vertes profitent de ces engrais. Leur croissance est telle (jusquà 20% en masse par jour) quelles séchouent en grande quantité sur nos plages. Elles ne sont pas seulement une gène pour les baigneurs et les plaisanciers, en se décomposant elles incommodent les riverains et les estivants. Enfin, des analyses deau effectuées par nos associations ont montré que la prolifération bactérienne au débouché des rivières sur la plage est multipliée par un facteur 4 à 25 selon les circonstances. Quant à lair empesté, aucune étude sanitaire na été menée pour connaître les effets sur lHomme. Aujourdhui les marées vertes qui ont commencées dans les baies de St Brieuc, Lannion, et Douarnenez, sont partout : au-delà de la Loire, et en Normandie. Chaque année de nouveaux sites sont touchés.
Un encouragement à la pollution
Cette situation dure depuis 34 ans. Pendant tout ce temps, ladministration et les gouvernements successifs, ont encouragés et financés cette agriculture intensive qui provoque ses excédents de nitrates et de phosphates. Or, il ne suffit pas que leau soit potable, en ne retenant que la norme de 50 mg/l de nitrates. Sur les bassins versants les plus sensibles, il faudrait tomber à 5 mg/l de nitrates pour que ne se déclenche pas la production de marées vertes.
Donc toute aide de la Politique Agricole à la culture du maïs, fortement polluante, toute régularisation des augmentations frauduleuses du bétail par les services de létat, labsence de contrôle sont une aide à la pollution.
En juillet dernier, le gouvernement a décidé dabandonner la taxation des nitrates de lagriculture intensive. Par ailleurs, un projet de relèvement des seuils d'autorisation au titre des installations classées, des élevages de veaux (de 200 à 400 places) et des élevages de volailles (de 25 000 à 30 000 animaux équivalents) est à létude.
On voudrait encourager la culture des algues vertes quon ne ferait guère mieux !
Des pouvoirs publics volontairement impuissants
En fait cest la politique de leau en Bretagne qui est en cause. Létat, sous linfluence dun lobby agro-industriel et de politiques peu scrupuleux nont pas fait respecter la législation qui préserve la qualité de leau. Depuis 1970, la concentration moyenne en nitrate a augmenté de 1.5 mg/l et par an. Cela révèle la " carence fautive " de létat, selon le Tribunal Administratif de Rennes en son jugement du 2 mai 2001. La Cour Européenne de Justice et la Cour Régionale des comptes dénoncent elles aussi la singulière passivité de lEtat devant linapplication de la réglementation dont lobjectif était précisément de concilier lexercice des activités économiques avec la préservation des patrimoines naturels.
Voilà pourquoi, quatre associations, De la Source à la Mer, Eau et Rivières de Bretagne, Halte aux Marées Vertes et Sauvegarde du Trégor, ont engagé un recours en plein contentieux contre lEtat le 28 février 2004.
Des programmes de lutte inadaptés
Depuis quelques années, devant le mécontentement général, les pouvoirs publics font semblant de sattaquer à ce problème. Ils financent un programme pro-littoral de lutte contre les marées vertes. Mais dabord, la baie de Saint Brieuc, qui produit 50% des marées vertes Bretonnes, nest pas concernée, ensuite, les élus et les représentants professionnels agricoles traînent des pieds pour le mettre en uvre. Enfin le seul qui soit opérationnel, dans la baie de Lannion, nest suivi jusquà présent par 48 exploitants sur 200. Pourtant ce programme est bien timide, et les mesures quil propose bien dérisoires face à de tels enjeux. Elles ne séparent pas les revenus agricoles des rendements, alors que ce sont ces rendements qui sont la cause des excédents de nitrates, donc la cause des marées vertes.
Comment penser dans de telles conditions, que le programme pro-littoral puisse mettre fin à léchouage de 60 000 m3 dalgues vertes sur les plages par an, pour un coût de ramassage de 500 000 ?
Un seul remède, le changement radical des pratiques agricoles
Pour que cesse cette pollution, tout programme de lutte doit être à la hauteur de ces enjeux. Il faut aider, y compris financièrement, le monde agricole à changer de pratiques, comme lont déjà fait de nombreux pionniers. Toutes les associations qui luttent contre les marées vertes ne veulent rien imposer demblée. Elles proposent, comme la déjà fait lune dentre elles, une charte au monde agricole et aux collectivités. Cette charte repose sur 4 principes : le réaménagement de lespace, lexpérimentation de cultures et de pratiques nouvelles, une évaluation régulière, des aides pour préserver les revenus. Mais ce qui est posé en préalable, cest lapplication de la loi.